Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak consacrent leur album aux plus beaux
duos d'amour de Puccini,
avec le Sinfonia Varsovia Orchestra
sous la direction de Riccardo Frizza.
PUCCINI IN LOVE
La première représentation de La Fille du Far-West de Puccini, au Metropolitan Opera de New York, fut prestigieuse. Enrico Caruso et Emmy Destinn incarnaient les deux rôles principaux, et nul autre qu’Arturo Toscanini était à la baguette. Le public fit un accueil enthousiaste à l’ouvrage dont le compositeur estimait que c’était le meilleur qu’il ait écrit jusque-là. Cet opéra marque un tournant dans son œuvre et inaugure le style des dernières années : les effectifs orchestraux sont importants, les couleurs, plus vives, regardent plus en direction du vérisme, et les passages lyriques sont plus rares que dans La Bohème ou Manon Lescaut, mais d’autant plus surprenants et intenses.
Chaque opéra de Puccini a en réalité sa propre couleur, comme le montrent les extraits réunis sur l’album Puccini in Love de Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak, et tous ont en commun un merveilleux lyrisme, car le compositeur italien était un génial inventeur de mélodies. Ainsi sa musique est-elle à la fois prégnante et raffinée, et elle a toujours un grand succès auprès du public. C’est vrai aussi de celle, moins célèbre, du Trittico, qui se compose d’Il tabarro (La Houppelande), de Suor Angelica et de Gianni Schicchi. Il tabarro est, avec Madame Butterfly, le seul opéra de Puccini qui traite de la réalité sociale contemporaine. C’est un drame de jalousie, situé sur une péniche parisienne, qui se termine par un meurtre. Le compositeur l’a magistralement mis en musique, fondant le décor, l’atmosphère, les personnages et la progression de l’action en un ensemble unitaire éloquent.
C’est donc aux duos pucciniens les plus émouvants que le ténor franco-italien Roberto Alagna et la soprano polonaise Aleksandra Kurzak, ont consacré leur premier disque commun. Y sont réunis des extraits de Manon Lescaut, La Fille du Far-West, Madame Butterfly, Il tabarro et La Bohème, une musique pleine de passion et de grands sentiments, génialement écrite pour la voix et subtilement orchestrée. Les deux chanteurs sont accompagnés par l’Orchestre symphonique de Varsovie placé sous la direction de Riccardo Frizza.
Roberto Alagna, qui compte depuis des années parmi les meilleurs ténors de la scène internationale, s’est notamment imposé dans le répertoire italien et français. Sa première prestation commune avec Aleksandra Kurzak date de 2012, dans une production londonienne de L’Élixir d’amour de Donizetti. Il semble que l’élixir en question ait fait son effet jusque dans leur vie privée puisqu’ils se sont mariés et ont eu une fille. Ils ont ensuite partagé la scène entre autres à New York et à Paris, et ont également eu un grand succès à Munich dans La Juive de Halévy.
Rigoureusement parlant, Aleksandra Kurzak a commencé à développer un amour de la musique avant sa naissance : sa mère est chanteuse d’opéra et son père corniste. Elle a ainsi régulièrement fréquenté l’Opéra de Wrocław avant même de pouvoir articuler un son. Elle est désormais cantatrice à son tour et a montré ses qualités exceptionnelles sur les scènes célèbres de New York, Milan, Vienne, Londres et Chicago dans divers ouvrages du répertoire, de Mozart à Rossini, ainsi qu’en Lucia di Lammermoor et en Gilda dans Rigoletto de Verdi.. Ces dernières années, elle n’a cessé d’élargir la palette de son répertoire, abordant avec beaucoup de réussite des rôles plus dramatiques tels Rachel (La Juive, Halévy), Nedda (Pagliacci, Leoncavallo), Mimì et Liù (La Bohème et Turandot, Puccini) ou encore Desdemona (Otello).
TRACKLISTING
1. Tosca, Atto I: "Mario!" - "Son qui!"
2. La Bohème Atto I: "O soave fanciulla"
3. Manon Lescaut, Atto I: "Vedete? Io son fedele"
4. Il Tabarro: "È bel altro il mio sogno"
5. Manon Lescaut, Atto II: "Tu, tu, amore? Tu?"
6. La Rondine, Atto II: "Paulette!"
7. La Fanciulla del West, Atto II: "Minnie che dolce nome"
8. Il Tabarro: "Dimmi: perché gli hai chiesto"
9. La Rondine, Atto III: "Nella tua casa"
10. Madama Butterfly, Atto I: "Viene la sera"
Conductor: Riccardo Frizza
Soprano: Aleksandra Kurzak
Tenor: Roberto Alagna
Orchestra: Sinfonia Varsovia
Recording: Warsaw, Witold Lutosławski Concert Studio of Polish Radio, February 20–22 and 26–28, 2018
Recording Producer: Nicolas Bartholomée
Recording Engineer: Maximilien Ciup
Executive Producer: Alexander Busche
Booklet Text: Roberto Alagna
Editorial: texthouse
[c) Sony Classical
Photo (c) Digipack Sony Puccini
TOUT N'EST QU'AMOUR...
❝ Puccini aimait dire qu'il ne savait
composer que pour le théâtre. En plein courant vériste, il affirme son style en y ajoutant une touche de romantisme. Son inspiration naît de ses personnages, de leurs histoires d’amour, de leurs drames. Les héroïnes et héros de ses livrets sont souvent des gens simples, presque quelconques. Comme Balzac, il crée ainsi sa comédie humaine.
Tous ses opéras pourraient n’être une seule et même œuvre, se fondant dans la réalité de sa tumultueuse existence. Toutes les Mimì, Minnie, Tosca, Giorgetta, Butterfly et autres Manon représentent la femme absolue. Celle qui le fascine, l’attire, l’inspire, le rend amoureux. Ses personnages masculins sont le reflet de sa personnalité. Rodolfo, c’est lui. Tout comme Mario. Calaf aussi, tellement épris de Turandot qu’il en risque sa vie. Il est l’homme, le héro, l’amant, le séducteur, le vil, le fourbe, le goujat, le poète, l’artiste, le Chevalier, le soupçonneux, le traître … D’ailleurs, n’est-il pas multiple lui-même dans ses prénoms ? Giacomo, Antonio, Domenico, Michele, Secondo, Maria Puccini.
Tous ses duos pourraient se conter comme une seule histoire d’amour. Ses couples ne pourraient être qu’un seul et même couple. La narration se ferait alors sans interruption, comme à l’écoute d’une intégrale. Tenez ! Placez donc le CD dans votre appareil … et appuyez sur ‘Play’ [...]
ET AMOUREUX ...
NOUS SOMMES
[...] Que fait cette femme derrière cette porte ? Elle est inquiète, elle frappe. Son amant ne répond pas. C’est Floria Tosca. Quel caractère ! Elle a l’air furieuse … Elle appelle : Mario ! Mario ! Mario ! [ Tosca ]
Mario a rassuré Floria. Elle est calme à présent, éperdument amoureuse. Il l’enlace et - comme le poète Rodolfo à sa Mimì - lui susurre à l’oreille : O Soave Fanciulla … [ La Bohème ]
Hélas, les amoureux doivent se résigner à se séparer. Ils se promettent alors
de se rejoindre dès que possible. Vedete ? Io son fedele … [ Manon Lescaut ]
Oui, fuyons, fuyons tous deux ! Elle hésite …
È ben altro il mio sogno ! [ Il Tabarro ]
La vie est décidément trop dure. Giorgetta abandonne son Chevalier. Elle devient alors une ingrate courtisane, attirée par ce qui brille. Elle est Manon, ne recherchant que plaisir, insouciance et facilité. Le Chevalier la retrouve. Il est là devant elle. Il est pâle, défait.
Elle le reconnaît à peine : Tu ? Tu, Amore ?
[ Manon Lescaut ]
Enfin Manon, nous voilà seuls ensemble ! Non, tu n’es plus Manon… Comme l’hirondelle, tu es revenue. Tu es Magda, ou plutôt Paulette … Paulette! I nostri amici … [ La Rondine ]
Tu dis te nommer Minnie … Che Dolce Nome !
[ Fanciulla del West ]
Hélas je ne puis rester. Ne m’y oblige pas,
je pourrais ne plus jamais te quitter. Dimmi: perchè gli hai chiesto ? [ Il Tabarro ]
Je voudrais tant que tu sois mienne.
Tu dis ne pas en être digne … Nella tua casa io non posso entrare … [ Rondine ]
Reviens ! Je t’en supplie ! Je t’aime … Ne crains rien. Approche. Le soir descend … Viene la sera … [ Butterfly ]
Tout n'est qu'amour et amoureux ...
nous sommes !
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